Ce que cachent nos vêtements
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dans Billets d'humeur
Tyrannie de l’apparence pour certains, support à l’estime de soi pour d’autres, symbole du statut social pour les uns, simple effet de mode pour d’autres encore, le vêtement a depuis toujours joué un rôle essentiel dans les relations humaines, allant bien au-delà de la simple pièce de tissu protégeant le corps du chaud, du froid ou des regards. L’année 1968 avait pourtant sonné le glas de l’uniforme scolaire (blouses grises pour les garçons et bleues pour les filles) et de ces adolescentes renvoyées chez elles si elles se présentaient en Jeans. Enfin, on allait pouvoir se vêtir à sa guise. C’était sans compter sur notre extraordinaire propension à la polémique. Curieusement, les controverses s’attardent à chaque fois sur un point différent de l’anatomie humaine. Commençons par les cheveux. C’est l’affaire de Creil : le principal du collège Gabriel-Havez exclut trois jeunes filles qui refusaient d'ôter le foulard qui leur couvrait la tête. Puis, viennent les yeux : en fin de confinement, France 3 a supprimé la diffusion de la série Zorro. Il paraitrait que c’est pour éviter la confusion : le célèbre justicier n’avait rien compris, préférant porter son masque sur les yeux ! Ensuite, le bas du visage : à Saint Nazaire, le collège Jean Moulin exclut deux élèves refusant systématiquement de remonter leur masque au-dessus de leur nez. Continuons avec le nombril : bannis les « crop top » pas assez républicains, car laissant apparaître le bas du ventre. Ne pas oublier cette jupe arborée par des lycéens-garçons souhaitant dénoncer les inégalités entre hommes et femmes. Mais, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Lançons de nouvelles zizanies. « Arrêtons de porter des ceintures en cuir » revendiquent les Vegan. Attention à la couleur des chaussures, diront peut-être un jour les pourfendeurs de la domination post-coloniale : noire, c’est le symbole l’oppression esclavagiste et blanc celle des suprémacistes. Et si on se convertissait au naturisme ?
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1282 ■ 27/10/2020