Chacun sa liberté

Le « passe sanitaire » soulève bien des polémiques. Qu’en est-il ?

1883 : le préfet Poubelle impose la collecte des ordures jetées jusque-là « librement » dans la rue. Tollé dans la presse qui l’accuse de bientôt vouloir imposer des heures de repas et de coucher.

1973 : le port de la ceinture de sécurité devient obligatoire. Cris d’orfraie poussés par des conducteurs craignant de périr dans leur véhicule en feu, bloqué par leur ceinture.

2007 : l’interdiction de fumer dans des lieux publics s’impose. Protestations de ceux qui contestent l’importance de la nuisance du tabac pour les non-fumeurs.

2021 : obligation du « passe sanitaire » pour accéder à certains lieux. Fureur de milliers de citoyens contre l’insupportable atteinte au droit pour chacun de choisir de se faire vacciner ou pas.

 

Une liberté face à une autre

A chacun de ces épisodes, pas de doute : une liberté a été supprimée … mais une autre a été préservée.

Liberté de jeter ses déchets où l’on veut versus liberté de bénéficier d’une saine hygiène publique.

Liberté d’être ou non gravement accidenté versus liberté pour la collectivité d’éviter les soins lourds et couteux qui en découlent.

Liberté de consumer sa graine de cancer là où on veut, quand on veut versus liberté de celui que la fumée importune.

Liberté de se vacciner ou non versus liberté de ne pas se faire contaminer par les non-vaccinés.

Dans ces situations il revient à chacun de privilégier le droit individuel ou de préférer la protection collective.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°221 ■ septembre 2021