Et moi, et moi, et moi ?

Depuis quelques années, de plus en plus d’identités cherchent à obtenir une reconnaissance officielle. Ce sont les femmes politiques qui la gagnèrent en premier. La loi du 6 juin 2000 est enfin venue contrer la tradition machiste renvoyant la moitié de l’humanité aux fourneaux, en contraignant à la parité les candidatures féminine et masculine aux élections à un tour. Dès lors, a-t-il été possible d’être élu non en tant que citoyen mais en tant que détenteur d’une particularité physiologique. Derrière cette décision permettant un juste rééquilibrage, se profile l’attente à une représentation équitable de toute personne revendiquant une appartenance spécifique. Et quoi de plus légitime, après tout, que de faire leur place aux gays, lesbiennes, transgenres, agenres, bisexuels, animalistes, végétariens, végétaliens, vegans, survivalistes, gascons, provençaux, bretons, catalans, basques, antillais, occitans, polynésiens, asiatiques, arabes, blacks, métis, berbères, latino-américains, footballeurs, rugbymen, volleyeurs, cyclistes, handballeurs, marathoniens, motards, handicapés, valides, chrétiens, musulmans, juifs, indouistes, bouddhistes, animistes, athées, psychanalystes, comportementalistes, systémiciens, cognitivistes, fonctionnalistes,  structuralistes, marxistes, libéraux, anarchistes, rockeurs, jazzmen, teuffeurs, folkeux … Ce numéro ne serait pas assez épais pour compléter cette liste ! Même s’il est essentiel de déconstruire la domination blanche, masculine, hétérosexuelle et occidentale, il va quand même être un peu compliqué de composer des listes électorales respectant la parité de ces milliers d’identités. Et surtout d’établir un ordre de priorité ! Ne nous décourageons pas. Certains viennent de réussir à promouvoir leur spécificité identitaire, à l’image de cette exonération, généreusement accordée par la commission européenne, pour les quotas d’émissions de carbone de leurs yachts et des taxes sur le kérozène de leurs jets privés.