Va-t-on devoir boire notre honte jusqu’à la lie ?
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dans Billets d'humeur
Vous avez aimé ces centaines d’enfants français que notre gouvernement a laissés dépérir pendant des années (et continue à le faire) dans les camps de réfugiés syriens ? Vous ne pouvez qu’adorer sa complicité dans le sort réservé aux migrants venus d’Afrique !
Si son hypocrisie, sa félonie et sa lâcheté n’ont pas encore été dénoncés dans un long métrage pour ce qui est mineurs abandonnés en Syrie, sa veulerie à l’égard des migrants, s’étale sur les écrans depuis mercredi. Il faut aller voir « Moi, capitaine » du réalisateur italien Matteo Garrone. Les périls du parcours entre l’Afrique et l’Europe ont bien sûr fait l’objet d’une documentation à travers de nombreux reportages et rapports d’ONG que personne ne peut ignorer. Mais leur illustration sur grand écran agit comme un coup de poing dans l’estomac. Les violences, les tortures, les rackets qui sautent à la gorge du spectateur dépassent l’entendement.
C’est, en toute connaissance de cause, que les autorités du soi-disant pays des « droits de l’homme » et leurs alter-ego du continent européen pactisent avec les mafias libyennes, s’allient avec les états corrompus et encouragent les trafiquants, en leur déléguant ouvertement ou de fait le sale boulot de la gestion et du blocage des flux migratoires.
Alors oui, il faut accepter de prendre à la figure ces images terrifiantes de « Moi, capitaine », de contempler ces horreurs, d’ouvrir les yeux sur ce qui est fait en notre nom. Puis, oser regarder son reflet dans une glace et se demander si on a encore une quelconque raison de cultiver la moindre fierté d’appartenir à une nation et à un continent qui couvrent, entretiennent et favorisent une telle barbarie.
S’il y a une chance de nous sauver de cette indigne compromission, c’est en renforçant toutes ces associations engagées dans le soutien aux migrants. A l’image de « SOS Méditerranée » dont le bateau « Ocean Viking » sillonne les flots pour recueillir les groupes embarqués sur des épaves flottantes surchargées menaçant à chaque instant de sombrer.
Et de combien d’autres encore qui sont engagées dans le combat humanitaire aux côtés de ces nouveaux damnés de la terre.