Balayer devant sa porte

Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France sont de plus en plus tendues depuis quelques semaines.

La presse dénonce, à raison, le régime oligarchique qui règne dans ce pays : atteintes répétitives aux droits de l’homme, répression policière contre tout opposant, justice aux mains du pouvoir etc…

Il est vrai que ce qui s’y déroulait, à l’époque où ce pays était une colonie française, était vraiment bien plus exemplaire !

Souvenons-nous. En 1954, 984 000 colons font alors face 8,455 millions musulmans. Le statut de l’indigénat, alors en vigueur, constituait un véritable apartheid qui ne disait pas son nom, établissant officiellement la suprématie des citoyens français sur les autochtones. Cette répartition dont rêvent aujourd’hui tant de xénophobes dans notre pays. D’un côté, les « non-musulmans » qui détenaient les mêmes droits que leurs compatriotes de métropole. De l’autre, les « musulmans » qui n’en possédaient guère, Ayant surtout l’obligation de subir et de se taire, sous la menace d’une répression implacable.

Heureusement, l’Assemblée algérienne créée en 1947 avait offert une représentation démocratique aux musulmans. Démocratique … enfin presque. En fait, elle n’était que paritaire. À raison de 60 députés pour le collège des citoyens de statut français… et 60 pour ceux de statut musulman. Ce qui faisait un élu pour 13 400 habitants français et un élu pour 141 000 musulmans. Juste une paille. Le bourrage d’urnes et trucage organisés par l’administration colonial pour éviter l’élection de candidats musulmans un peu trop contestataires rendirent cette représentation totalement fictive … elle fut supprimée en 1956.

La discrimination était encore plus explicite dans les communes. Celles qui étaient majoritairement peuplées de colons avaient droit à un conseil municipal élu par leurs électeurs. Celles dont la majorité des habitants étaient algériens, elles étaient gérées par des administrateurs nommés par l’autorité coloniale.

Voilà donc un territoire occupé à compter de 1830 qui ne cessa d’être ravagé par la guerre, les massacres, les famines et les épidémies. Conquis dans une perspective de peuplement, les européens venus de métropole ne cessèrent d’exproprier les algériens pour cultiver les meilleures terres. Les velléités d’indépendance furent réprimées dans le sang par une guerre sans concession conduisant le journaliste Jean-Michel Apathie à affirmer récemment, avec raison et courage : « nous avons fait des centaines d’Oradour-sur-Glane en Algérie ».

https://www.youtube.com/watch?v=Sw6BXNwbXlw

Que le mouvement de libération algérien se soit sali par les pires pratiques terroristes ou que les gouvernements qui se succédèrent après l’indépendance se soient lancés dans une concurrence à qui serait le plus tyrannique ou le plus corrompu n’effaceront jamais la servitude et les crimes contre l’humanité dont s’est rendue responsable la France durant 130 ans.

Fort de cette réalité historique, il est possible de gloser à présent sur les relations entre la France et l’Algérie.