Alors qu’on est passé, entre 2010 et 2015, de 1,2 à 1,5 millions de consommateurs occasionnels de cannabis et de 550.000 à 700.000 consommateurs quotidiens, notre pays n’a qu’une réponse : 100.000 interpellations annuelles, pour simple consommation. Sur le front de la toxicomanie, un espoir, toutefois : le vote de l’article de loi imposant des paquets de cigarettes à l’apparence neutre et cet autre article officialisant l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque, gérée par une équipe pluridisciplinaire. Ces espaces doivent permettre une prise « propre » du produit, évitant ainsi les risques d’infection au VIH ou à l’Hépatite. Mais, aussi, la possibilité à toute une population marginalisée, qui a disparu des écrans radars, d’être en contact avec un personnel formé à la prévention et au soin. Ce vote à l’assemblé a été l’occasion de propos très représentatifs de l’hypocrisie dans laquelle baigne notre société. A la traditionnelle défense de nos viticulteurs et nos buralistes, Nicolas Dhuicq, psychiatre et député UMP de l’Aube, a rajouté une couche plutôt « originale ». Au nom du principe de plaisir, il a revendiqué le droit à la consommation du tabac et de l’alcool. « Ce monde puritain entraînera la jeunesse vers les épopées violentes au proche et au Moyen orient » a-t-il même rajouté ! Parallèlement, le groupe UMP s’est opposé résolument à l’ouverture des salles de shoot les dénonçant comme autant de « paradis artificiels officiels ». Récapitulons. Vouloir réduire des consommations de tabac et d’alcool qui font respectivement 73.000 et 49.000 morts par an, c’est priver d’un plaisir légitime des adolescents qui, par dépit, risquent de s’engager dans le Jihad. Mais, proposer un lieu d’accueil bienveillant pour des consommateurs de drogues illégales, dont moins de 400 meurent chaque année, par surdose, c’est encourager la toxicomanie. Ben voyons. Et dire que ces gens-là sont bien partis pour nous pourrir la vie, à compter de 2017 !

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1164 ■ 28/05/2015