Déchiffrer l’abomination
Dépasser la stupeur et tenter de comprendre reste essentiel, pour ne pas sombrer dans l’accablement ou la violence.
Tarés, psychopathes, barbares, obscurantistes … il n’y a pas d’expression assez dure pour qualifier les auteurs des massacres de début janvier. Assassiner des dessinateurs pour leur insolence, des policiers pour leur uniforme et des juifs pour leur religion relève du degré zéro de l’humanité. On ne peut qu’être partagé entre la colère et l’exaspération, l’horreur et la consternation, la haine et une volonté de vengeance. Pourtant, il faut que la légitime fureur laisse la place à la réflexion et l’inévitable émotion à la pensée.
Comprendre
Les actes posés, pour insensés qu’ils soient, trouvent une explication possible dans des mécanismes sectaires, chaque religion (qu’elles soient musulmane, chrétienne ou juive) charriant ses groupuscules intégristes qui se coupent tant du culte dont ils sont issus, que du reste de la société. Ces sectes exercent une emprise totalitaire sur leurs adeptes, en tenant un discours simpliste semblant apporter réconfort et sécurité à travers des solutions magiques sensées résoudre tous les problèmes. Mais restent les vingt milles hashtags « jesuiskouachi » postés en soutien aux terroristes et les réactions peu consensuelles d’un certain nombre de jeunes de quartier. Il nous faut mesurer la responsabilité de notre société poussant au désespoir toute une jeunesse confrontée au racisme ordinaire, au chômage et à l’absence d’avenir, dont une partie peut être tentée de trouver dans le fondamentalisme une porte de sortie.
Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°156 ■ février 2015