Monsieur le Président,

Je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps. La presse bruisse de votre supposé découragement. Votre licenciement annoncé en mai en serait la cause. Bien qu’il ne soit pas très charitable de tirer sur une ambulance, vous me permettrez de penser d’abord aux enfants de sans papier que votre police est allée interpeller, à votre demande, dans leur classe ; aux chômeurs que vous avez laissés sans travail, en proposant à leurs collègues salariés de faire des heures supplémentaires détaxées, plutôt que de procéder à leur embauche ; à ces familles que vous deviez sortir de la pauvreté pour 33 % d’entre elles, cette promesse n’ayant finalement concerné que 0,2 % ; aux 3,6 millions de mal-logés qui ont subi votre décision d’abaisser la contribution de l’État au financement du logement social de 7 à 3 % en 10 ans ; aux nouveaux enseignants à qui vous avez supprimé l’année de préparation et qui se retrouvent devant leur classe, sans aucune formation pédagogique préalable ; à ces enfants maltraités délaissés parce que vous avez bloqué les dotations financières pourtant programmées par la loi de 2007 ; aux détenus dont le nombre s’est accru de 11.000 en 10 ans, à cause de vos lois sécuritaires, qui continuent à vivre dans des prisons « honte de la République » ; je pense à tant d’autres, encore. Vous avez annoncé votre intention, en cas d’échec, de disparaître. Pour une fois, je partage votre pensée. C’est ce que vous avez de mieux à faire.

 

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1049 ■ 09/02/2012