Trop ou pas assez ?
Créé le 9 mai 1998, JAMAC reprenait les initiales du prénom de cinq enseignants. Jacques, Alain, Michel, André, Charles proclamaient leur innocence face à l’accusation d’agression sexuelle sur des élèves. Cette association ne s’est jamais prononcée sur le fond des affaires. Ce n’était en aucun cas un « comité de soutien ». Ce qu’elle a toujours revendiqué, ce sont des procédures respectueuses à la fois de la protection de l’enfant et de la présomption d’innocence du suspect. Elle a notamment contesté la circulaire de l’Éducation nationale Allègre-Royal faisant obligation de signaler automatiquement au Procureur toute révélation de violence sexuelle d’un élève. Elle réclamait une écoute de la parole de l’enfant par des professionnels, avant que la machine judiciaire ne soit déclenchée. Sur les années scolaires 1997-1998 & 1998-1999, on a compté pas moins de 381 signalements de personnels de l’Éducation nationale. N’étant plus sollicitée, l’association a fini par se dissoudre le 21 août 2011. De deux choses l’une : soit à la fin des années 1990, on a cédé à une forme de psychose collective, en sacralisant la parole de l’enfant ; soit, aujourd’hui, on est retombé dans le déni. Le procès d’Outreau a contribué à semer le doute, quant aux allégations des jeunes victimes. C’est là un fonctionnement classique de notre société. Il faudrait choisir : soit l’enfant dit toujours la vérité soit c’est un menteur. On n’a pas encore compris qu’il peut être l’un ET l’autre.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1050 ■ 16/02/2012