Interdire la fessée ?

Fin janvier, le Comité européen des droits sociaux livrait ses conclusions 2011, pour la France. Parmi ses constats, il y en a un qui concerne le paradoxe entre un Code pénal qui réprime tout acte de violence et le fait qu’« aucun texte spécifique n'interdit les châtiments corporels ». Pire, « quelques décisions juridictionnelles ont admis l'emploi du droit de correction par les parents, les enseignants et les éducateurs, à condition qu'il soit inoffensif, modéré et qu'il vise à maintenir l'ordre scolaire et la discipline ». Voilà, à nouveau, posée la question de la fessée. Un certain nombre de mes lecteurs vont lever les yeux au ciel, en faisant la remarque qu’une claque n’a jamais fait de mal à personne, que celles qu’ils ont reçues, étant enfant, étaient bien méritées, et qu’après tout ils ont survécu. Je leur propose de tenir le même raisonnement pour les femmes victimes de violence conjugale. S’imaginent-ils, un seul instant, prendre la défense de l’agresseur, en affirmant qu’une femme qui reçoit une taloche, cela ne peut pas lui faire de mal, surtout si elle est modérée ? « Oui, mais là, c’est pas pareil » répliqueront-ils. Ah oui, et en quoi ? L’enfant justifierait d’être moins protégé de la violence, peut-être … 29 pays ont déjà interdit la fessée. La proposition déposée à l’assemblée nationale, en 2010, pour en faire autant est restée lettre morte. Quel bel exemple de défense des droits de l’enfant ! Décidément, nous vivons une époque formidable.

 

Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°127 ■ mars 2012