Non à la privatisation
Zone interdite sur M6, le 15 avril dernier, titrait « Enfants ingérables, parents dépassés, comment s’en sortir ? ». Les reportages proposés posaient bien des questions, sans que Lionel Deniau, Président de Métis Europe et Claude Halmos, psychanalyste, aient suffisamment de temps pour apporter toutes les clefs de compréhension, dans les 8 minutes qui leur étaient imparties, sur 1h40 d’émission. Priorité à l’émotion sur la réflexion et au vécu sur l’analyse. Mais là n’est pas encore le pire. Une scène filmée dans une famille confrontée à un adolescent souffrant de troubles du comportement permit de découvrir un nouvel acteur : le « conseiller éducatif privé ». Très vite, on put reconnaître dans son comportement et son discours, la patte d’un éducateur spécialisé. Mais le professionnel exerçant là, le faisait à titre libéral. A 70 € de l’heure, cet intervenant assura une visite par semaine, durant deux ans, facturant sa prestation à cette famille modeste (le père chauffeur routier, la mère femme de ménage), pour un total de 7.000 €. S’il est intéressant de rendre ainsi visible la valeur du travail que nous réalisons au quotidien, une telle marchandisation de l’action sociale est profondément détestable. Face à ce conseiller (qui envisage d’étendre son activité sous forme de franchises), on ne peut que défendre le principe du service public qui propose aide et accompagnement, sans conditions préalable de ressources. A condition de lui en donner les moyens !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1061 ■ 03/05/2012