Hypocrisie
Le précédent ministre ayant osé parler de dépénalisation du cannabis, s’était fait immédiatement limoger : c’était le professeur Schwartzenberg et nous étions en 1988. Aujourd’hui, Cécile Dufflot en a fait de même, sans se faire virer : il y a donc un certain progrès. Mais, quelle est donc cette imposture qui laisse en vente libre des substances aussi mortifères que le tabac ou l’alcool, véritable catastrophe en terme de santé publique, et qui organise la chasse au petit fumeur de pétard, substance qui, jusqu’à plus ample informé, n’a jamais tué personne ? C’est que notre pays reste l’une des nations les plus obscurantistes, en matière de toxicomanie. Il n’a toujours pas compris que la guerre contre la drogue est définitivement perdue et que la répression est le meilleur service rendu aux réseaux de trafiquants. La prohibition de l’alcool, instaurée aux États-unis en 1920, dut être abandonnée en 1933, suite au désastre sanitaire (contrebande de produits frelatés très toxiques) et sécuritaire (explosion du crime organisé) induit. Avec notre ministre de l’intérieur, vaillant petit soldat du lobby prohibitionniste, on est mal barré. Même si Emmanuel Valls, tout en s’affichant adversaire résolu de l’herbe, ne crache pas sur le blé, lui qui, avant de démissionner de son poste de maire d’Évry, le 3 juin, a pris soin de se faire voter une indemnité de 1.700 euros mensuels, au titre d’un statut original à l’efficacité quotidienne garantie : « conseiller municipal délégué ».
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1068 ■ 28/06/2012