La sécurité, mais à quel prix ?
La mairie de Gennevilliers qui suspend quatre animateurs, pour les risques qu’ils ont faire courir aux enfants placés sous leur responsabilité, du fait du jeûne qu’ils pratiquaient. Tempête médiatique. Revirement de la municipalité face aux accusations d’islamophobie. Trois remarques. D’abord, plus qu’une stigmatisation d’une pratique religieuse, ne faut-il pas y voir les effets pervers de la recherche du risque zéro ? Cette même mairie est en procès avec les familles d’adolescents victimes d’un accident en août 2009, suite au malaise de l’animatrice conductrice du véhicule … qui respectait le jeûne. Tenues à l’obligation de résultats pour ce qui concerne la sécurité, les institutions peuvent être tentées d’aller jusqu’à l’absurde, pour éviter l’impondérable. Ensuite, plutôt que de s’inquiéter de l’affaiblissement du au ramadan, peut-être faudrait-il être un peu plus attentif à la fragilisation de l’attention et de la vigilance qu’implique le travail en colo, dix huit à vingt heures par jour, six jours sur sept ? Et puis, reste l’inégalité de traitement entre les professionnels et les familles. Un directeur a été mis en examen, le 31 juillet, pour la noyade d’un adolescent qu’il avait laissé se baigner dans le gouffre de l'Oeil doux, dans l’Aude, interdit à la baignade. Entre le 1er juin et le 5 juillet, cent quarante huit noyades mortelles ont été recensées dont douze jeunes de moins de vingt ans. Curieux, aucun parent n’a été mis en examen.
Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°131 ■ septembre 2012