Saine colère

Le milieu des psychanalystes est en plein émoi. D’un côté, d’éminents spécialistes ayant déjà décrit leurs aversions pour l’homoparentalité et qui s’offrent une tribune dans Le Figaro où ils s’inquiètent des pires avanies qui menaceraient les enfants élevés dans un couple gay ou lesbien. De l’autre, Elisabeth Roudinesco qui leur répond, dans la page Rebonds de Libération, n’ayant pas assez de mots durs pour dénoncer « la chasse aux homosexuels » de ses confrères et sommant « la communauté psychiatro-psychanalytique de se réveiller et de cesser, par son silence, d’apporter une caution implicite à un discours qui déshonore leur discipline ». Certes, chacun revendique détenir la vérité freudienne. Certes, quand vous avez deux psychanalystes, vous avez trois associations qui s’entre déchirent. Certes, comme le disait Lénine, « le parti se renforce, en s’épurant ». Mais, saluons néanmoins cette dame qui ne manque pas d’un certain courage, elle qui reconnut, par ailleurs, l’erreur historique d’un Freud sous-estimant la monstruosité nazie et laissant Ernest Jones mener une politique d’aryanisation et de collaboration avec les nazis en Allemagne1. Ce que son éminent confrère belge, Jean Pierre Lebrun, se garda bien d’évoquer dans l’un des ses ouvrages2, décrivant longuement l’adhésion massive du monde scientifique aux thèses hitlériennes, sans dire un mot des compromissions tout aussi honteuses de ses prédécesseurs avec un régime qui ne leur fit pourtant pas de cadeaux !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1082 ■ 15/11/2012