Serrons-nous la ceinture

On nous rabat les oreilles sur les efforts à consentir, pour accroître la compétitivité de notre économie. Seul accusé : le coût du travail. Débat biaisé par les chiffres que l’on choisit d’utiliser. Si l’on compare la France et l’Allemagne (référence prisée pour beaucoup, avec ses 5,4% de chômage) : ce coût est de 34,2 euros contre 30,1 euros. Mais si l’on regarde du côté de l’industrie, notre pays passe devant notre voisin d’outre Rhin : 33,16 euros contre 33,37 euros. Quant à l’industrie automobile, nous le devançons de très loin : 33,38 euros contre 43,14 euros. Isoler le seul facteur du coût du travail n’est donc pas pertinent. En comparant les 3,5 euros de l’heure payés en Bulgarie, aux 32,9 euros versés en Suède, on devrait s’attendre logiquement à un chômage moindre pour le pays qui propose les plus bas salaires aux investisseurs, alors qu’il est respectivement de 9,6% et 6,6%. Avec un coût du travail neuf fois supérieur, la Suède a 30% de chômeurs en moins que la Bulgarie ! On peut légitimement se demander si on ne nous prend pas pour des abrutis. D’autant qu’à aucun moment ne se pose la question du coût de la rémunération des actionnaires et/ou des grands patrons. Si l’économie va mal, c’est bien entendu parce que les salariés coûtent trop cher. Appauvrissons-les un peu plus, mais surtout ne touchons pas à la rémunération du capital : telle est la doxa dominante qui va de la droite au patronat, en passant … par notre gouvernement socialiste.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1083 ■ 22/11/2012