La Guerre des boutons

Ameutés par les réseaux sociaux, ils se sont retrouvés à la sortie du lycée du Vesinet (Yvelines), pour se battre. L’échauffourée entre ados aura fait une victime : un garçon d'une quinzaine d'années souffrant de lésions au visage. « Cette une guerre des boutons moderne », commente l’un des enquêteurs. Voilà Louis Pergaud ressuscité. Son célèbre roman met en scène les enfants de Longeverne et Velrans, deux villages voisins qui ne cessent de se battre à coups de bâton, de pied, de poing et de jets de pierre, de génération en génération. Mais l’humiliation ultime, c’est de couper les boutons des enfants de l’armée adverse, faits prisonniers.

Changement d’époque
Publié en 1912, juste avant la terrible boucherie qui verra la jeunesse européenne fauchée pour de vrai, ce livre réédité plus de trente fois, sera porté à l’écran dans cinq versions. Bertrand Rothé réécrit l’histoire en 2008, en la replaçant dans un contexte contemporain: « Lebrac, trois mois de prison ». Et là, surprise, tout change. Ce qui est traité avec humour et tendresse par Louis Pergaud, prend de toutes autres proportions. Policiers, juges, prison s’en mêlent… Ce n’est pas tant la violence des mineurs qui a changé, que la perception que nous en avons. Faut-il, pour autant, accepter de telles manifestations de violence, comme au début du XXème siècle? Bien sûr que non! Peut-être, faut-il surtout prendre conscience que c’est bien notre seuil de tolérance et d’indulgence qui s’est effondré.

 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°148 ■ avril 2014