La honte de l’Europe? Pas partout!

Nos courageuses nations, championnes des droits humains, viennent encore d’atteindre un nouveau record : avec les 800 victimes du 18 avril, c’est 1.700 réfugiés qui se sont noyés, depuis le début de 2015, en fuyant l’Afrique, pour tenter de trouver l’hospitalité en Europe. Ils meurent devant nos yeux. Et nous sommes bien passifs. En 2014, une pétition avait obtenu plus de 200.000 signatures pour protester contre le martyr d’un chat, filmé sur internet. L’agresseur avait été, à juste raison, poursuivi en justice. Mais, qu’est-ce qui justifie donc que le sort d’un animal compte bien plus que celui  de familles entières englouties en Méditerranée ? La peur d’être submergé par une déferlante de migrants ? En 2014, le nombre de ces réfugiés a représenté 0,05 % de la population européenne. La crainte de voir arriver, dans les bateaux, de futurs terroristes ? Jusqu’à présent, aucun de ceux qui ont été arrêtés pour terrorisme n’était entré clandestinement. La conviction que l’on ne peut accueillir toute la misère du monde ? Mais, les deux tiers qui sont parvenus jusqu’à nos côtes étaient titulaires d’un diplôme équivalent du BAC. Toutes ces craintes irrationnelles sont le produit de fantasmes populistes. S’il en est au moins un qui aura sauvé l’honneur de notre continent, c’est Leoluca Orlando, le maire de Palerme, présent de jour comme de nuit pour accueillir celles et ceux qui débarquent (1). Il veille à ce que tout soit en place (services sanitaires et organisations caritatives), remettant à chacun(e) une carte de citoyenneté de palermitain. Son objectif ? « Donner à ces personnes désemparées le message qu’elles ne sont pas des choses, mais des êtres humains » Sa conviction ? « La mobilité est un droit humain. Je n’ai pas choisi l’endroit de ma naissance. Mais, j’ai le droit de choisir où vivre et où mourir ». Le premier magistrat de Palerme avait clairement annoncé son programme aux élections municipales de 2011. Il a été réélu à 74 %.

(1) Ouest France du 17 mai

Jacques TrémintinLIEN SOCIAL ■ n°1166 ■ 25/06/2015