Lundi 19 octobre, la gendarmerie de Vertou (près de Nantes) place en garde à vue Théophil, un majeur isolé étranger de 19 ans, sous le coup d'une OQTF (obligation de quitter le territoire français). Le collectif enfants étrangers citoyens solidaires se mobilise aussitôt. Première mauvaise pioche pour la Préfecture : ce jeune faisait partie des dix jeunes reçus à la mairie de Saint Herblain deux jours auparavant, le samedi 17 octobre, dans le cadre d'une opération de parrainage citoyen. Deuxième mauvaise pioche : Théophil est scolarisé en première année de Bac Pro où il se montre exemplaire, sérieux et volontaire, présentant un comportement irréprochable et une authentique volonté d’intégration. Troisième mauvaise pioche : Matthieu Orphelin, vice président du conseil régional des pays de la Loire, Président de la Commission Éducation et Apprentissage adresse aussitôt un courrier au Préfet de Loire Atlantique demandant à ce que ce jeune puisse continuer en toute sérénité la formation nécessaire à la réalisation de son projet professionnel. Cela faisait manifestement beaucoup : difficile de douter de sa capacité à s’intégrer. Theophil a donc été libéré le 20 octobre. Sans doute, va-t-il pouvoir poursuivre ses études. On ne peut que se réjouir de cette excellente nouvelle. La mobilisation a payé. Mais pour combien de temps ? Devra-t-il, dans quelques années, se préparer à fêter l’obtention de son diplôme, dans l’avion où l’auront mis les forces de l’ordre l’attendant à la sortie de la salle d’examen ? On ne peut, en tout cas, s’empêcher de penser à tous ces jeunes sans parrainage, sans excellence scolaire et sans intervention d’élus, sacrifiés sur l’autel du populisme et de la xénophobie. En tant que mineurs, ils sont protégés et accompagnés. Et à 18 ans, on les renvoie. Manifestement, il faut avoir trois ans, tomber à la mer quand la barque où se tient votre famille chavire, se noyer et venir s’échouer sur une plage, pour émouvoir l’opinion publique.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1175 ■ 10/12/2015