Chaque corporation a le droit de défendre ses intérêts, mais pas en sacrifiant la santé publique.
Marisol Touraine, ministre de la santé, a fait voter avant l’été un article de loi prévoyant la neutralité des paquets de cigarettes. Aussitôt, les buralistes ont protesté, n’hésitant pas à organiser une manifestation contre une mesure accusée de menacer la pérennité de leur profession.

Surréaliste
Il est quand même stupéfiant (sic) de s’opposer à une décision destinée à réduire le taux de mortalité causé par le tabac. Pendant longtemps les produits cosmétiques à base d’uranium, les matériaux du bâtiment à base d’amiante ou la boisson à base d’absinthe étaient en vente libre. Quand leur haute toxicité fut démontrée, ils furent interdits. Imagine-t-on les commerçants qui les vendaient obtenir qu’ils soient à nouveau autorisés ? Prohiber le tabac serait contre-productif, provoquant l’explosion du marché noir et la circulation d’une marchandise frelatée encore plus dangereuse. Mais, tout faire pour ruiner son attractivité est une excellente approche. Quand on sait l’attirance des plus jeunes pour l’apparence et leur attrait pour les marques, il est infiniment moins fun de se balader avec un paquet à l’aspect banal qu’avec celui paré des couleurs designs étudiées pour frapper l’œil et donner une certaine contenance. Si elle sera loin d’être suffisante, cette mesure de bon sens apparaît nécessaire. Et la défense d’une corporation ne justifie pas 73.000 morts annuels.
 

Jacques Trémintin – Journal de L’Animation ■ n°164 ■ décembre 2015