Gare à la gaffe
Enfin, un règlement de compte qui ne se passe pas à Marseille ! Des hommes encagoulés font irruption, un dimanche, dans un quartier d’une ville moyenne et tirent à la chevrotine sur un groupe de jeunes, juste à côté d’un jardin où jouent des enfants. Le lendemain matin, la psychologue scolaire intervient dans la classe de maternelle pour « faire parler les élèves ». Assise devant eux, elle les interroge sur ce qui aurait pu se passer la veille et qui serait sorti de l’ordinaire. Un petiot de trois ans lève le doigt. La psychologue s’empresse de lui donner la parole : « moi, mon grand-père, il m’a offert un skate board ». Déception de la clinicienne qui attendait autre chose. Se faisant plus précise, elle relance les enfants : « n’y a-t-il pas quelque chose de grave qui vous aurait choqué ? » Un autre petit lève le doigt. « Ma mère, elle a pleuré ». « Et pourquoi a-t-elle pleuré ? » demande la psychologue. « Parce que mon père l’a frappée », répond l’enfant. « Cela n’est pas important, c’est d’autre chose dont je veux parler », lâche notre psychologue, avant tout concentrée sur ce que les enfants se doivent de dire : ils ont été traumatisés par ce qui s’est passé et ils doivent l’exprimer. Malheureusement pour elle, aucun enfant ne parlera de ce qui s’est passé la veille. Il en est toutefois un qui aura au moins appris une chose : quand son père frappe sa mère : « cela n’est pas important ». Retour à la case départ, notre psychologue ne gagne pas 20.000 Francs !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1111 ■ 27/06/2013
(dessin: Mana Neyestani)