Un clip en vrai ?

Il y a de cela quelques semaines, Collège boy, le clip du groupe Indochine défrayait la chronique. Cherchant à condamner la stigmatisation de la différence et alerter contre le harcèlement à l’école, une image crue et brutale venait illustrer le texte d’une chanson dénonçant ces pratiques. Les lazzis et humiliations verbales du début se terminaient par la crucifixion de la victime, achevée d’un coup de revolver dans le cœur. Sanguinolent, gore et ultra violent, l’ambition première du court métrage semblait manquer sa cible, tant il pouvait apparaître provocateur et outrancier. L’actualité pourrait bien venir rattraper la fiction. Un enfant métis de dix ans, petit nouveau dans une classe de CM1/CM2 de Neuilly le Bisson, dans l’Orne, est devenu le souffre douleur des ses petits camarades. Depuis septembre, des moqueries, insultes racistes et humiliations… Et puis, fin mai, c’est l’agression physique alors qu’il est allongé dans l’herbe : coups de pied et coup de poing. Et ils s’y sont mis à quatre. Certes, il n’y a pas eu de mort. Mais le racisme ordinaire, d’abord en paroles s’est transformé en lynchage. A l’heure où Vincent Peillon préconise le retour de la morale laïque à l’école, l’urgence réside bien dans l’éducation au vivre ensemble, dans l’apprentissage du respect de la différence et de la lutte contre toutes les formes de discriminations, qu’elles soient en rapport avec la couleur de la peau ou l’orientation de genre, l’origine ethnique ou la religion.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1110 ■ 20/06/2013