Conflit d’intérêt

Le gouvernement a l’intention de faire interdire le cumul de la fonction parlementaire et d’activités privées, comme avocat d’affaire. Il s’agit de lutter contre la concurrence entre deux responsabilités exercées simultanément pouvant entrer en conflit d’intérêt. Une curieuse situation, nous venant de Martinique, vient illustrer cette notion dans le travail social. Une assistante sociale exerçant comme conseillère en Insertion à la Mission Locale possède parallèlement le grade d’adjudante de réserve, renfort en brigade et membre de la cellule de prévention... de la gendarmerie nationale. Comment réussit-elle à articuler une fonction de prévention et d’accompagnement d’un côté et de l’autre un rôle répressif et de maintien de l’ordre ? Mystère. Un jeune fréquentant la Mission locale, qui aurait commis des actes de délinquance, aura-t-il en face de lui une travailleuse sociale ou une personne soucieuse de faire appliquer le droit pénal ? A ce compte, l’on pourrait imaginer un éducateur de rue exerçant à ses heures perdues comme agent de sécurité à l’entrée de la superette du quartier pour surveiller les jeunes clients indélicats, une conseillère en économie sociale et familiale ouvrant parallèlement un cabinet de détective privé spécialisé dans les enquêtes sur la fraude aux prestations, voire un animateur recruté parallèlement comme agent cynophile, pour détecter la drogue dans le collège voisin. Bien qu’honorables en soi, tous ces métiers sont incompatibles.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1108 ■ 06/06/2013