Vous avez dit homophobe ?

Rarement, tant de haine aura été déployée, que celle déversée contre le mariage homo. Atteinte insupportable contre les fondements de notre société pour les uns, discrimination tout aussi intolérable contre une minorité sexuelle pour les autres. La vision éternelle et immuable de la famille s’oppose à la volonté d’adaptation comme il y en a eu bien d’autres et comme il y en aura encore. Les arguments se sont affrontés, sans que chaque camp ne parvienne à se convaincre, ni à faire fléchir les convictions adverses.


Promouvoir la tolérance
Mais, au-delà de la question de savoir si les homosexuels doivent pouvoir se marier, comme cela se fait déjà dans quatorze pays, sans qu’apparemment le chaos n’ait submergé la civilisation, s’est manifesté un problème tout aussi important : la réactivation de l’homophobie. S’il est bien une insulte qui apparaîtra inacceptable à tout adulte normalement constitué, c’est d’entendre un enfant en traiter un autre de « sale juif » ou de « sale nègre ». Un tel propos fera l’objet d’une reprise immédiate, voire d’une sanction et c’est heureux, tant une telle manifestation de racisme ne peut que consterner. Je ne suis pas si sûr que nous réagissions avec la même fermeté, quand nous entendons des mômes se traiter de « sale pédé ». Cette banalisation devrait nous faire réfléchir sur notre capacité collective à faire respecter la différence, sous toutes ses formes, dès lors ou celle-ci n’est pas attentatoire à la liberté d’autrui.

 

Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°140 ■ juin 2012