Ils ont mangé leur pain blanc

Marie-Arlette Carlotti, ministre des personnes handicapées, s’est fâchée tout rouge contre la psychanalyse, accusée d’avoir dépensé plus d’énergie à culpabiliser les parents qu’à fournir des résultats. Elle a annoncé que les financements du troisième plan autisme ne seraient accordés qu’à condition de travailler dans le sens exigé : les techniques éducatives expérimentées à l’étranger, ayant montré qu’« elles marchent ». Certes, les disciples de Freud se voient appliqués là, la même morgue, le même mépris et la même arrogance qu’ils ont affichés pendant des décennies à l’égard de ceux qui ne partageaient pas le même évangile qu’eux. Mais, on n’a rien à gagner à remplacer une religion par une autre. Et il ne faudrait pas jeter le bébé avec l’eau du bain. A côté des comportements dogmatiques particulièrement exécrables d’un certain nombre de psychanalystes qui se sont eux mêmes tirés une balle dans le pied, il y a des expériences et des pratiques de terrain qui méritent et justifient d’être défendues. Plutôt que d’attiser la guerre entre psys, il conviendrait d’articuler toutes les compétences existantes, afin d’offrir le plus large registre de réponses possibles, hors de toute exclusive et excommunication. Certains psychanalystes refusant de s’enfermer derrière les barbelés d’un camp retranché, l’ont compris et font preuve d’ouverture. Leurs adversaires qui gagnent petit à petit du terrain, après des années d’ostracisme, auront-ils la même intelligence ?

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1107 ■ 30/05/2013