Cocktail molotov
Jusque là, un élève en échec scolaire, pouvait, dès la quatrième, aller découvrir différents métiers, grâce au Dispositif d’initiation aux métiers par alternance (DIMA). Les maisons familiales rurales en étaient d’excellentes illustrations, en proposant une vingtaine de semaines de stage dans le monde du travail, ce qui permettait au jeune de trouver la profession qu’il avait envie d’exercer. Leurs camarades de collège ordinaire ne pouvaient le faire que sur un maximum… de cinq jours ! Les exigences d’apprentissage scolaire n’en étaient pas, pour autant abandonnées. Prétendant refuser toute orientation précoce et revendiquant l’acquisition d’un tronc commun identique jusqu’en troisième, le gouvernement vient de supprimer cette possibilité. Sur le papier, c’est admirable. Sur le terrain, cela va être une véritable catastrophe. Les mômes fâchés avec l’école n’auront plus la chance de connaître la réussite dans leur passage en entreprise, ce qui leur permettait de retrouver une image positive d’eux-mêmes. Dorénavant, après avoir souffert en sixième et en cinquième, en ne réussissant pas à ingurgiter le savoir qu’on cherchait à leur inculquer, ils vont en prendre pour deux ans supplémentaires, sans que l’enseignement dispensé soit plus efficace. Il y a ceux qui se morfondront au fond de la classe, humiliés par le sentiment d’être des ratés. Parions que bien d’autres mettront le feu au collège, pour montrer qu’ils sont capables eux aussi de réussir quelque chose.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1107 ■ 30/05/2013