Menteries
Maxime est soupçonné de vol. Soucieux qu’à ce geste répréhensible ne se rajoute pas « la spirale du mensonge », son éducateur l’encourage à reconnaître son acte. La tête baissée, « dévasté par le remord », l’enfant assume et décrit son méfait. Il en sera quitte pour une lettre d’excuse à la victime. Gilles Bernheim, grand rabbin de France, après avoir nié ses plagiats et l’usurpation du titre d’agrégé, a finalement reconnu son forfait. Jérôme Cahuzac, lui aussi, avait démenti avoir trempé les doigts dans le pot de confiture. La chercheuse américaine, Bella DePaulo a démontré que chacun(e) d’entre nous, nous mentons en moyenne deux fois et demi par jour. Certes, c’est d’autant plus grave quand ceux qui dérapent sont des responsables ayant sollicité et obtenu la confiance de leurs coreligionnaires ou de leurs électeurs. Mais, il n’est qu’à voir la moisson régulière des fins limiers du fact checking, passant au crible les déclarations des hommes politiques, pour s’en convaincre : le mensonge est fréquent et régulier. Ce qui était d’ailleurs défendu, dès 1733, par Jonathan Swift dans son pamphlet « L'Art du mensonge politique » qui défendait la légitimité de la dissimulation présente tant chez les hommes politiques qu’au sein du peuple. Kylian est, lui aussi, soupçonné d’avoir volé. Les « yeux dans les yeux », il se défend face à son éducateur. Lui qui s’effondre à la moindre bêtise, là il clame son innocence. Son éducateur a décidé de lui accorder le bénéfice du doute.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1103 ■ 25/04/2013