Un euro de plus
Que penser de cette guerre engagée, par notre pays, au Mali ? D’un côté, notre passé colonial et post colonial, qui a largement contribué à faire du continent africain ce qu’il est, ne peut qu’inciter à la retenue, si ce n’est à la méfiance. De l’autre, les scènes de liesse populaire accompagnant les troupes françaises, fêtées comme de véritables libérateurs face à tyrannie des fondamentalistes, rappellent l’accueil fait aux armées alliées en 1944, images ne pouvant que troubler l’observateur critique. Si, nous hésitons, les populations locales, elles, n’ont pas l’air de le faire ! Tout ce que je sais, c’est qu’il reste encore bien des guerres à gagner. Guerre contre la misère, pour que les 8,6 millions de personnes vivant avec moins de 964 euros par mois -dont 2.665.000 enfants- réussissent à sortir la tête de l’eau. Guerre au manque de places d’accueil d’urgence : sur 59.476 appels reçus au 115, fin 2012, 57 % des demandes n’ont pas pu être prises en charge. Guerre contre le mal logement, pour que les 3,6 millions personnes privées de domicile personnel ou vivant dans de conditions difficiles ou précaires puissent bénéficier d’un hébergement décent. Guerre contre la déscolarisation des 20.000 enfants avec handicap. Chaque jour, le conflit au Mali coûte à l’État français deux millions d’euros. Et si, pour chaque euro dépensé pour cette guerre, le gouvernement décidait de rajouter parallèlement un euro dans le budget de l’action sociale ? On peut toujours rêver.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1094 ■ 21/02/2013