Moins de répression, plus d’éducation?

Bonne nouvelle : le parlement vient d’abroger la loi Ciotti privant d’allocations familiales les familles dont les enfants manquaient l’école. La réalité des situations individuelles est infiniment plus complexe que ne le prétendent les matamores à l’origine de cette mesure. Je ne crois pas être le seul éducateur, à n’avoir pas réussi plus que les parents, à faire réintégrer le collège à certains jeunes résolument décrocheurs ou à renoncer à le faire, en sachant que, par trop explosifs, ils subiraient très vite une nouvelle et douloureuse exclusion, peu après leur réadmission. Aurait-il fallu procéder à une retenue sur mon salaire? Autre aberration sécuritaire se fracassant contre le principe de réalité: la loi, votée le 27 mars 2012, imposant à la justice d’informer l’Éducation nationale, quand un mineur d’âge scolaire est mis en examen, pour des faits graves. La présomption d’innocence? L’interdiction de publicité protégeant les moins de 18 ans? Le secret de l’instruction? Tout cela est balayé. Maître Oger-Ombredane, avocat au barreau d’Angers vient de déposer une question prioritaire de constitutionnalité à propos de la transmission à l’inspection académique, par un juge d’instruction, de l’ordonnance concernant un adolescent de 15 ans. Au-delà de la dimension juridique, reste la pertinence éducative d’une communication d’informations qui présente le risque majeur d’enfermer le jeune dans un étiquetage stigmatisant et humiliant.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1093 ■ 14/02/2013