S’attaquer aux causes ou aux effets ?

La Cour d'assises du Nord vient de condamner la mère et le beau-père de la petite Typhaine, à trente ans de réclusion criminelle, pour meurtre. Faut-il se réjouir de cette peine ? Dans une société où l’enfant est devenu un bien précieux, la justice sait se faire vengeresse et répondre à l’unanime réprobation. Travaillant en protection de l’enfance, je reste avec le terrible souvenir de Chloé*, violée pendant des années dans son enfance, dont la plainte sera classée sans suite. Celui de Mathias*, frappé par son père des mois durant, qui ne verra pas son parent poursuivi. Celui d’Emelyne*, tripotée par son grand-père, qui sera entendue, mais pas reconnue par la justice. A chaque fois, les preuves manquant ou la parole de la victime pesant bien peu, je suis resté impuissant face à leur légitime incompréhension. Si je n’ai donc guère de bienveillance pour de tels tortionnaires, je m’interroge sur le verdict des meurtriers de Typhaine : n’est-ce pas une façon singulière de nous exonérer de notre propre responsabilité sociétale ? Non, celle de telle ou telle institution, comme aiment à le faire des associations comme la Voix de l’enfant. Mais, celle d’une société pas toujours capable d’éduquer et d’accompagner ses membres dans le règlement de leurs conflits, dans la médiation de leurs différends, dans la régulation de leurs disputes. C’est dès la maternelle, que la gestion des émotions et la communication non violente devraient être enseignées.
* prénoms modifiés
 
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1092 ■ 07/02/2013