Confession

« Anticlérical fanatique/Gros mangeur d'ecclésiastiques/Cet aveu me coûte beaucoup/Mais ces hommes d'Église, hélas!/Ne sont pas tous des dégueulasses », raconte Georges Brassens dans l’un de ses textes « La messe au pendu ». Oserai-je paraphraser le poète sétois ? Cela fait longtemps que je vomis le Tour de France, que j’applaudis à la défaite de l’équipe de France de foot et que je rage contre la pollution de l’actualité par les Jeux Olympique. Je considérai, jusqu’à peu, ces manifestations basées sur la sélection, l’élimination et le classement comme le symbole de la haine de l’autre que ne pouvait qu’induire à mes yeux la recherche de records. Jusqu’au jour où un jeune m’invite à assister à son entraînement de foot. Renonçant à lui asséner mon discours doctrinal, j’accepte à contre cœur. Me voilà sur le banc de touche, à observer une quinzaine d’ados en plein effort. Certes, le groupe me semble bien unisexué : normal, il n’y a que des garçons. L’entraîneur m’apparaît strict, mais juste ; contenant, mais humain ; attentif, mais exigeant. Ni cris, ni injures, ni contestations … il n’y a chez ces jeunes ni soumission imposée, ni obéissance passive, mais une autodiscipline consciemment acceptée. Je me mets à les imaginer en classe, doutant qu’ils se montrent aussi motivés et réactifs aux consignes de leur enseignant. Si je continue à rester allergique au sport, je viens néanmoins de découvrir, je l’avoue, combien il possède aussi un fabuleux pouvoir de socialisation.

 

Jacques Trémintin – Journal De l’Animation ■ n°136 ■ février 2013