Peut-on être contre?

L’église a combattu successivement le divorce, puis la contraception, puis l’avortement, puis le PACS… accusés, l’un après l’autre, de menacer les fondements de notre civilisation. Pour s’opposer au mariage et à l’adoption pour tous, elle a raclé le ban et l’arrière ban de tout ce que notre pays compte de plus réactionnaire. Une véritable union sacrée a même regroupé grenouilles de bénitier, imams et autres rabbins, dans la défense de l’hégémonie d’une morale traditionnelle, contre la reconnaissance des droits des minorités sexuelles. Quelques moutons noirs ont rompu ce pitoyable chœur de vierges effarouchées, tels Laurent Laot, curé de Quimper ou Elie Geffray, maire d'Eréac et non moins prêtre, qui se sont rangés dans le camp des « pour » ou encore Yeshava Dalsace, rabbin de la communauté Dor Vador de Paris, qui dénie aux religions le droit de se mêler d’actes qu’il considère comme purement civils. Peut-on encore discuter cette réforme, sans être rangé dans l’armée des rétrogrades cléricaux ? Revendiquer les mêmes droits pour tous n’exclut pas de considérer le mariage non comme un droit, mais comme une institution conformiste, désuète et vermoulue, dont on peut parfaitement se passer, que l’on soit homo…ou hétéro. Pas plus que de rappeler que l’adoption plénière prive l’enfant de ses origines, que les adoptant soient de même sexe ou pas. Toute disposition du code civil n’est pas en soi appropriée, au prétexte qu’elle s’étend à plus de bénéficiaires.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1091 ■ 31/01/2013