Y’a plus de sous?

On ne cesse de nous dire que c’est la crise et qu’il n’y aurait plus d’argent. Allons donc, tout le monde ne semble pas aussi dépourvu. La moyenne de la rémunération annuelle des grands patrons du CAC 40 a progressé de 5 % en un an, passant de 4 millions d'euros en 2010 à 4,2 millions en 2011, sans pour autant rattraper 5,7 millions qu’ils percevaient, avant la crise de 2008. On est triste pour eux. Rappelons, quand même, que pour obtenir la somme versée à l’un de ces individus, en une seule année, un smicard aurait du travailler, sans discontinuer, depuis 1767, soit quand même 245 ans ! Quant aux dividendes distribués aux actionnaires du même CAC 40, ils ont connu eux aussi, une progression régulière : 35 milliards d'euros en 2010, 37,4 milliards en 2011 et 38,3 milliards, en prévision pour 2012. Pas si mal, quand on compare ces résultats avec le recul du pouvoir d’achat global de 0,1% en 2011, de 1,2% en 2012 et des 0,2% en prévision pour 2013. Ce qui n’empêche pas les nantis de pousser des cris d’orfraie, dès qu’on ose regarder du côté de leur magot. Ils menacent alors de s’expatrier. Qu’ils s’en aillent ! Mais, avant de partir, qu’ils payent ce qu’ils doivent à la collectivité : 30 milliards d’euros, rien qu’en fraude fiscale. En comparaison, si l’on estime la fraude au RSA à 800 millions d’euros, l’absence de sollicitation à cette même allocation rapporte 5,3 milliards d‘économie, soit dix fois plus. Ce sont donc bien les riches qui nous coûtent le plus.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1089 ■ 17/01/2013