Qui est le fou?
Le procès d’Andy, cet adolescent de 16 ans qui avait assassiné ses deux parents et ses deux frères en 2009, aura été l’occasion de conclusions diamétralement opposées, de la part des trois collèges d’experts psychiatres nommés pour l’examiner. Les deux premiers ont conclu à l'abolition totale ou partielle de son discernement, au moment de la commission des faits. Le troisième s’est prononcé pour sa pleine responsabilité. Le tribunal correctionnel de Marseille vient de condamner une psychiatre à un an de prison avec sursis, pour homicide involontaire : au cours d’une sortie qu’elle avait autorisée, un patient atteint de schizophrénie avait commis un meurtre. La psychiatrie est-elle en mesure de prévoir, avec certitude, un comportement ou de l’expliquer, après coup ? C’est, bien sûr, une illusion. En 1973, le psychologue américain David Rosenham et onze des ses collaborateurs se présentèrent dans douze hôpitaux psychiatriques différents, en décrivant des symptômes de la schizophrénie. Dès leur admission, ils adoptèrent des comportements tout à fait normaux. Mais, ils ne purent sortir qu’au bout d’un délai allant de 7 à 52 jours selon les cas et sous condition de continuer leur prise d’antipsychotiques. Seuls les « vrais » (?) malades découvrirent la supercherie, accusant les chercheurs, qui passaient leur temps à prendre des notes, d’être en réalité des journalistes faisant une enquête, les soignants n’y voyant que la confirmation de leur pathologie supposée.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1088 ■ 10/01/2013