Expulsion, mode d’emploi

Il y a plusieurs manières de résoudre un problème. Tenter d’y apporter une solution en est une. Le rendre non visible en est une autre. Illustration : la chasse aux sans papiers trop souvent médiatisée. Premier conseil : ne pas arrêter leurs enfants en pleine école. Cela choque. Préférer l’interpellation au domicile. Bien sûr il y en a qui, terrorisés, sautent par la fenêtre. Mais que voulez-vous cela fait partie des dommages collatéraux. Second conseil : ne pas bâillonner la personne expulsée hurlante ou s’asseoir sur elle quand elle se débat au milieu des passagers d’un avion. Ca fait désordre, surtout quand certains en meurent d’une crise cardiaque. Mieux vaut la faire monter avant l’embarquement, utiliser de la bande Velpo pour la transformer en momie et exercer une compression sur un point du cou, permettant ainsi de couper l’irrigation de son cerveau et de le rendre sans voix. Troisième conseil : ne pas laisser croire à l’opinion publique qu’elle pourrait s’élever contre de telles atteintes aux droits de l’homme. Traîner en  justice les témoins qui osent protester et les faire condamner pour outrage. Encore un conseil : mettre un terme au monopole de l’intervention de la CIMADE dans les centres de rétention. Eparpiller cette tâche pour éviter toute vision d’ensemble et exiger dans l’appel d’offre la neutralité et la confidentialité. Post-scriptum : tout faire pour mettre au pas le tribunal administratif quand celui-ci annule de telles exigences.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°911 ■ 08/01/2009