Il est né en 1973, bénéficie d’un CDI depuis 2004 et gagne trois fois le montant du loyer. Il devrait obtenir facilement ce logement. Pourtant, la réponse sera négative... Il s’appelle Yaya Engola Tobbo. Une demi-heure plus tard, c’est autour de Sébastien Cadet de solliciter la même agence. Né en 1974, il est en CDI depuis 2005 et gagne 100 euros de moins que Yaya. Sa candidature est sélectionnée. Sauf que Yaya Engola Tobbo et Sébastien Cadet n’existent pas : ce sont des salariés de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité qui se sont prêtés à ce testing sur 77 biens à louer en région parisienne et en province. Sept particuliers et six agents immobiliers viennent de se faire prendre la main dans le sac : la discrimination à l’égard d’un candidat à la location est passible de trois ans d'emprisonnement et de 45.000 € d'amende. Les appels téléphoniques ont été enregistrés sous le contrôle de juristes, pour que ces preuves soient recevables en justice. Six premiers dossiers ont été transmis au parquet. On ne sait pas ce que les juges décideront. Mais, dès à présent, on ne peut que se féliciter de cette offensive de la HALDE qui passe aux actes, après avoir privilégié, depuis sa création, la sensibilisation et la pédagogie. Dans une société qui ne parle que de sécurité, il est temps de faire régner l’insécurité pour tous ceux qui usent de la discrimination. C’est à eux, à présent, d’avoir peur et d’essayer de se cacher. 

Jacques Trémintin – non paru janvier 2009