Solidarité et égoïsme
Cerrie Burnell présente une émission enfantine, à la BBC. Plusieurs parents ont adressé des courriers à la chaîne de télévision, pour se plaindre. Leur motif ? La jeune femme ferait peur à leurs enfants : elle est née avec une seule moitié du bras droit. On croit rêver ! N’imaginons pas la perfide Albion particulièrement intolérante. Si notre pays compte 327.000 salariés atteints de handicap, plus de 200.000 d'entre eux sont demandeurs d'emplois, avec un taux de chômage double de celui des valides (près de 20 %). La prise en charge spécifique des situations les plus lourdes au sein de 1.580 ESAT et 3.720 structures d’hébergement est un progrès indéniable. L’effet pervers, c’est la ghettoïsation : chacun de son côté. Ce que la loi de 2005 tend à corriger. Non, le handicap, ce n’est pas toujours l’autre. Contrairement à ce que l’on pense souvent, 15% seulement de celles et ceux qui en sont frappés l’ont depuis leur naissance. Ce qui signifie que les 85% autres sont dans cette situation, suite à un accident de la vie. Cela veut encore dire que la personne handicapée, ce n’est pas cet individu inaccessible et un peu énigmatique qui nous est étranger. C’est potentiellement vous ou moi, un proche, un voisin, aujourd’hui, ou demain, voire après demain. Se battre pour permettre l’intégration de ces personnes, cela ne relève pas que d’une noble démarche de solidarité, c’est aussi un acte profondément égoïste, une assurance sur l’une de nos possibilités d’avenir !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°920 ■ 12/03/2009