L’art de faire des économies
Xavier Darcos a failli réussir. Première étape : répondre, avec démagogie, à la revendication de certains parents, d’un samedi matin non travaillé. N’est-ce pas une bonne intention que de permettre aux familles de vivre pleinement leur week-end ? Seconde étape : affirmer vouloir réagir à l’échec scolaire, en utilisant le temps ainsi libéré chez les professeurs des écoles, pour organiser de l’aide aux élèves en difficulté. N’est-ce pas une bonne initiative que de faire reculer la fracture scolaire ? Troisième étape : prétendre mieux utiliser l’énergie des Réseaux d’aide et de soutien aux élèves en difficulté (RASED). N’est-ce pas une bonne idée de transférer leurs moyens aux enseignants en charge d’une classe ? Mais, l’aide à la scolarité, ce n’est pas la même chose que le soutien spécialisé plaident les syndicats. Encore une preuve de cette manie à s’opposer à tout changement, leur réplique le ministre. En aparté, il confie : « la plupart des mesures que je prends servent surtout d’habillage aux suppressions de postes » (le Canard Enchaîné). Effectivement, 11.000 postes rien que dans les RASED, c’est alléchant. A peine les 3.000 premiers supprimés, on lorgne sur les 8.000 autres. Et puis, effrayé par l’exemple grec d’une jeunesse qui s’enfonce dans l’émeute, Nicolas Sarkozy a donné pour consignes de ne plus faire de vagues jusqu’en juin. En 2008, on supprimera quand même 1.500 postes de RASED sur les 3.000 prévus. Il n’y a pas de petites économies.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°914 ■ 29/01/2009