Du bruit dans le Landerneau
Depuis le 15 avril, l’immatriculation des voitures a changé. Il s’en est fallu de peu pour que les numéros de département n’y figurent pas. En signe de protestation, on a vu fleurir, ici et là, des autocollants « je tiens à mon département ». Il y a aussi eu ces levées bouclier face au rapport Balladur proposant de faire éclater ou de regrouper certaines Régions. Combat futile, alors que le chômage explose, évitant ainsi de poser les vrais problèmes ? Un magnifique proverbe juif affirme : « on ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines et des ailes ». Les racines, ce sont nos origines, notre filiation, ce qui nous rattache à une terre et à des ancêtres. Les ailes, c’est ce qui nous permet d’aller à la rencontre de notre vaste monde, de découvrir la différence, de voir au-delà de notre horizon étriqué. Il est tout à fait stérile de les opposer, tant nous avons besoin des deux. Pourtant, c’est au nom de la défense de son club de football, de son quartier, de sa communauté, de sa religion, de sa patrie, que se déploient les pires violences, pouvant aller jusqu’aux génocides. Jamais, l’ouverture à l’universel n’a déshumanisé l’Autre. S’il est tout à fait respectable et légitime d’être attaché à ce qui a fait de nous ce que nous sommes, la défense inconditionnelle de son clocher est pathétique. L’occasion, peut-être, de réécouter la ballade cruelle mais combien pertinente de Brassens : « les imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°926 ■ 23/04/2009