Faut-il interdire la burqa ?
Notre société multiculturelle s’est enrichie, depuis quelques années, de nouvelles coutumes comme le ramadan ou le nouvel an chinois. D’autres usages sont bien plus contestables, comme la réservation des piscines aux femmes à certaines heures, leur auscultation par des médecins femme à l’hôpital ou encore le port de la Burqa, ce vêtement noir qui couvre le corps de la tête aux pieds, un grillage en tissu devant le visage. Une soixantaine de parlementaires vient de réclamer la création d’une commission sur le caractère discriminatoire de cet accoutrement. Car cela ne poserait guère problème, s’il était mixte : il n’y aurait là qu’un signe religieux certes loufoque, mais plaçant les deux sexes dans le même ridicule. Ce qui pose problème c’est son caractère sexiste : seules les femmes sont concernées. Certains crient déjà à l’atteinte aux libertés : après tout, celles qui le portent sont majeures et volontaires. Il y a une vingtaine d’années, la dénonciation de l’excision et de l’infibulation fut considérée par d’autres comme une forme d’ethnocentrisme. Cet habit constitue-t-il une protection librement choisie ou un emprisonnement machiste du corps de la femme ? Il existe un précédent : en 1991, Aix en Provence décida d’interdire, par arrêté municipal, le « lancer de nain ». La personne de petite taille concernée, elle aussi volontaire, protesta et porta l’affaire devant le Conseil d’Etat qui la débouta en 1995, au nom du respect de la dignité humaine.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°935 ■ 25/06/2009