Champ de ruine

Jamais sans doute, un ministre de la justice n’aura quitté son poste, en produisant un tel soulagement. Il faut dire que Rachida Dati n’y est pas allée de main morte. Elle s’est faite l’exécutrice des basses œuvres d’un Président Sarkozy, pour qui la répression est l’essence de la prévention. Parmi ses exploits, rappelons le vote de la loi sur les peines planchers : 4.500 personnes incarcérées de plus, en deux ans. Mais aussi, la réforme de la carte judiciaire : suppression des tribunaux de proximité et regroupement des services judiciaires dans les grandes villes, pour un coût immobilier estimé à près de 900 millions d’€. Sans oublier l’inauguration des établissements pénaux pour mineurs. Si l’on ne peut que se réjouir du remplacement de certains quartiers mineurs insalubres par des établissements neufs, on voit se confirmer les craintes d’étiolement des mesures de prévention. C’est que, 225.000 € pour chacune de ces places de prison, cela représente 8 ans de budget permettant d’intervenir en milieu ouvert auprès de 1.200 jeunes dans leur famille. La PJJ abandonne les mesures au civil, pour ne se consacrer qu’au pénal : l’enfant dangereux est séparé de l’enfant en danger, alors que c’est le même. Un peu partout, ses foyers ferment. Il n’y aura bientôt plus de places d’accueil …que dans les prisons. Bravo, Madame la ministre : belle action de désagrégation ! Mais, avec comme remplaçante Michèle Alliot Marie, ne troque-t-on pas un cheval borgne pour un aveugle ?

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°936 ■ 09/07/2009