Bête immonde

Il s’appelle Maxence et est âgé de 23 ans. Il a été condamné le 2 juin à 4 mois de prison avec sursis, à une amende de 1500 euros pour préjudice moral et à 100 heures de travail d’intérêt général. Encouragé par les propos haineux et les cris de singe du public, il s’en est pris le 25 janvier à un joueur de l’équipe de football adverse qui avait le seul tort d’être d’origine sénégalaise. Traité à plusieurs reprises de « sale nègre », Makam Traoré s’est agrippé à un grillage et s’est mis à pleurer. L’arbitre a courageusement décidé d’arrêter le match. La victime a déposé plainte. La justice a tranché. Que dire de plus ? S’indigner de l’ignominie de ces comportements racistes ? Les imbéciles qui imitent les macaques dans les stades prétendront chercher surtout à déstabiliser l’équipe adverse. Constater que le football libère les pires pulsions ? Un peu facile : il peut aussi être source de fraternité. Constater la lâcheté des instances officielles de ce sport bien discrètes dans cette affaire ? On ne va quand même pas pénaliser des supporters pour si peu ! Souligner le courage des onze témoins venus soutenir le prévenu, en affirmant qu’il ne s’était rien passé ? Simple culpabilité de ceux qui auraient sans doute du être eux aussi dans le box des accusés. Peut-être, peut-on simplement reprendre le propos de Bertold Brecht, toujours d’actualité à plus de cinquante ans de distance : « le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde ».

 
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°933 ■ 18/06/2009