Sauver l’honneur
Le 17 juillet, un groupe de sans papiers s’installait dans un vaste hangar du 18ème arrondissement de Paris. Ce ne sont pas des inconnus. Ce sont ceux-là même qui occupaient depuis 14 mois la bourse du travail de Paris. Ils en ont été chassés le 24 juin dernier, à coup de matraque et de gaz lacrymogène. Par la police ? Par un commando d’extrême droite ? Pas du tout : par le service d’ordre de l’union départementale 75 de la CGT ! Comment une organisation à la pointe, jusqu’à ce jour, du combat pour la régularisation des sans papiers a-t-elle pu en arriver là ? Guère d’explications, la direction confédérale restant bien discrète. Quelques rares réactions toutefois. Celle de la CGT Educ’ation Nord de l’Education Nationale, par exemple, qui condamne le recours « à des pratiques ‘’policières’’ ». Mais aussi la section du Conseil général de Loire Atlantique composée pour l’essentiel de travailleurs sociaux, « choqués et scandalisés » : « depuis quand la CGT serait supplétive d’un Etat policier ». Cela montre que l’on peut appartenir à une organisation, tout en préservant son éthique, ne pas se comporter en « petit soldat discipliné », mais placer par dessus tout la défense de ses convictions. Peut-on continuer à être fier d’être syndiqué à la CGT ? Sans doute, la confusion ne pouvant être faite entre la partie et le tout. Mais on peut d’autant l’être qu’on est syndiqué à Educ’action ou au Conseil général de Loire Atlantique qui ont sauvé l’honneur de leur syndicat.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°939 ■ 03/09/2009