Super Nanny n’est plus. Auxiliaire puéricultrice, Cathy Sarraï affirmait avoir élevé plus de 72 enfants, avant de jouer dans l’émission éponyme de M6. Son jeu efficace et percutant était tout à fait crédible. Si l’on doit rendre hommage à l’artiste disparue, on peut néanmoins revenir sur le personnage qu’elle incarnait. Les émissions dont elle était l’héroïne étaient toutes montées sur le même canevas que celui des séries policières   (crime/enquête/résolution) : présentation d’une famille dépassée par son enfant/observation attentive/action venant résoudre le problème. L’image devait servir un récit construit selon un scénario élaboré à l’avance. Et du matériau, il y en avait à revendre : chaque tournage durait deux semaines. A raison de trois heures quotidiennes filmées pas deux caméras, on obtenait 70 à 80 heures de rush. Il suffisait ensuite de faire un habile montage pour répondre au synopsis. Sans oublier les effets cinématographiques classiques : succession de plans (jusqu’à 11 en 60 secondes), alternance de moments intenses et de moments plus calmes (il s’agissait de captiver le spectateur, sans l’essouffler de peur qu’il ne zappe), continuité de l’image quand tout allait bien, mouvement saccadé pour souligner l’intensité émotionnelle, commentaires sentencieux de la voix off, scène reconstituée à partir de morceaux pris à des moments différents… Du travail de pro, avec une excellente actrice. On peut maintenant éteindre la télé et revenir à la réalité.

Paru dans LIEN SOCIAL ■  n°959 ■ 04/02/2010