Vivement qu’on perde !
Le temps que ce billet soit publié, l’équipe de France aura été éliminée ou en voie de l’être, à moins qu’une nouvelle « main de Dieu » ne soit venue la sauver. Nous allons gagner en tranquillité : finis les concerts de klaxon dans les rues, terminés ces élans infantiles de chauvinisme, disparus ces rêves futiles de grandeur. Un regret, pourtant : nos joueurs vont perdre la prime promise, en cas de victoire finale : 300.000 € chacun, l’équivalent de 25 ans de SMIG. Nous compatissons, mais sommes rassurés : Domenech n’aura pas à rembourser sa prime de 820.000 €, obtenue pour la qualification au mondial. Quant à la FIFA, quel que soit le vainqueur, elle empochera 862 millions € de bénéfices. Bizness is bizness ! Corruption, rumeurs de matchs truqués, pots de vin… cette coupe du monde est avant tout la fête du fric. Les pauvres vont pouvoir se consoler de leur misère, en se délectant devant leur petit écran. N’y a-t-il donc personne qui ait le courage de s’opposer à cette fumeuse mascarade ? En cherchant bien, on peut en trouver. En devenant organisateur de l’Euro 2016, la France s’est engagée à dépenser 1,7 milliard €, pour rénover ou construire des stades. Deux villes ont refusé de participer à cette opération : Rennes et Nantes. A Nantes, Jean-Marc Ayrault a refusé de se plier aux demandes de l’UEFA qui exigeait 100 millions d’€ de travaux. Le maire préfère investir cette somme pour équiper sa ville en installations sportives pour la population. Bravo !
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°978 ■ 24/06/2010