Nous ne hurlerons pas avec les loups!
Mieux encore que les jeux en ligne, il y a le registre sécuritaire : là, on gagne à tous les coups. Il suffit d’y jouer, pour attraper les gogos. A preuve, les propositions répressives de cet été. Le peuple français aurait-il le Président qu’il mérite ? Le plébiscite de ces mesures par une majorité allant jusqu’à 89% (sondage IFOP-Figaro du 5 août) le laisse penser. Il pourrait bien confirmer l’avis du Général de Gaulle : « les français sont des veaux. Ils sont bons pour le massacre. Ils n'ont que ce qu'ils méritent. » Les travailleurs sociaux pourraient, à leur tour, se joindre à la psychose ambiante : le 30 juin, un retraité assassinait d’un coup de fusil, à Saint Girons, dans l’Ariège, une assistante sociale du centre local d’information et de coordination. Nous ne tomberons pas dans le panneau. Certes, à côtoyer en permanence la misère et la détresse sans pouvoir, parfois, y opposer autre chose que l’impuissance par manque de moyens, nous sentons bien comment la colère des usagers pourrait bien se retourner contre nous. Ce qui est étonnant, finalement, c’est que de tels drames ne surviennent pas plus souvent ! Mais, dans tous les cas, nous savons où sont les vraies responsabilités et mesurons quel degré de désespoir peut pousser à de telles extrémités. Et c’est conscient de notre capacité professionnelle à gérer, si souvent, cette violence explosive, que nous pouvons rendre hommage à Karima Mezouar, tuée pour avoir fait son travail.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°983 ■ 02/09/2010