Catastrophe annoncée

Mathias, 7 ans, est une vraie terreur. La MDPH lui a accordé 10 heures hebdomadaires d’Aide à la vie scolaire. Sa maîtresse ne l’accepte que sur le temps de présence de cette auxiliaire. Et encore, le dernier trimestre de son CP, il l’a passé isolé dans une salle à part. En classe, il devenait intenable. Son entrée en CE1 faisait craindre le pire. Mais, son nouvel instituteur, à deux ans de la retraite, ne s’en laisse pas compter. Dès le mois de septembre, il a décrété que l’école étant obligatoire, il le recevrait à plein temps, avec ou sans AVS. Et l’enfant a filé doux. A-t-il à ce point changé en l’espace de quelques mois ? Ou plutôt a-t-il eu la chance de rencontrer un maître qui sait tenir sa classe et ses élèves, même les plus durs ? On ne peut que rendre hommage au savoir-faire et au professionnalisme de cet enseignant. Le 31 mars dernier, le syndicat des inspecteurs d’académie écrivait à son ministre, pour lui faire part de ses vives inquiétudes, quant aux futures modalités de formation des maîtres. Un master en poche, l’impétrant inexpérimenté serait mis en face d’une classe, sans avoir bénéficié, comme c’est le cas jusqu’à aujourd’hui, d’une année de stage préparatoire. L’art et la manière de miner le terrain, en rendant ensuite les élèves responsables des dégâts. Mais, que ne ferait-on pas pour réaliser des économies ? Ça vaut bien quelques sacrifices, quand même ! Et puis, pour les enfants trop turbulents, il y a encore les prisons pour mineurs.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°984 ■ 09/09/2010