Faut oser
A Lucerne, en Suisse, la Fondation pour les handicapés a prévu l’ouverture, en 2013, d’un parc d'attraction de 1.700 m² destiné à faire comprendre, à l'aide d’accessoires imitant les handicaps, les difficultés que rencontrent les personnes atteintes de déficiences, pour accomplir ce qui semble si aisé aux valides. Levée de boucliers des associations helvétiques qui crient au zoo humain. Autre initiative, la campagne de pub initiée par l’Office fédéral des assurances sociales : « Arrêtons de payer pour les handicapés », proclamait le message sur les murs. Dix jours plus tard, d’autres affiches reprenant ce slogan initial, y rajoutaient cette fois-ci : « et rémunérons-les pour leurs compétences professionnelles ».Nouveau tollé, notamment de la Fédération Insieme qui n’hésita pourtant pas, quelques mois plus tard, à lancer sa propre affiche : une photographie montrant un homme ou une femme atteint de trisomie, avec l’interpellation : « Une case en moins ? Pour moi, ce n’est pas un handicap ». En Belgique, autre campagne lancée par CAP 48, équivalent de notre Téléthon : « regardez moi dans les yeux, j'ai dit dans les yeux » affirme une magnifique jeune femme, tout sourire et en soutien-gorge … à qui il manque l’avant bras gauche. La France s’y met tout doucement, avec Cal’handis, le calendrier affichant des nus de personnes handicapées. Provocation ou incitation à la réflexion ? Stigmatisation ou volonté de faire changer le regard sur la différence ? A chacun de juger.
Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°992 ■ 04/11/2010