Quel droit à mourir?

Trois évènements récents viennent reposer la question de l’euthanasie. Le premier est ce sondage du 29 octobre 2010 démontrant que, depuis 2008, l’opinion publique est passée de 87 à… 94% d’avis favorable à son autorisation. Second évènement, la tentative en janvier 2011, de débattre au Sénat d’une proposition de loi visant à la légaliser (texte rapidement vidé de sa substance, par les sénateurs hostiles à cette idée). Troisième évènement terrifiant : le 20 janvier 2011, le suicide d'une fillette de 9 ans, ne supportant plus son diabète. D’un côté, la montée inexorable de la revendication à contrôler non seulement sa vie, mais aussi sa mort. Les deux premiers évènements renforcent les partisans du « droit à mourir dans la dignité ». De l’autre, le rappel de l’interdit anthropologique du meurtre défendu par des philosophes, des croyants et des psychanalystes (qui oublient que Freud demandant et obtenant que l’on abrège ses terribles souffrances pourrait être, à son corps défendant, le porte drapeau de l’euthanasie !). La défenestration de l’enfant vient alimenter leur questionnement : jusqu’où appliquer le droit à mettre un terme à son existence ? Si on le reconnaît aux adultes, comment réussir à le dénier aux enfants ? La société française va, sans doute, être amenée à évoluer sur cette question, quand le parlement ne sera plus aux mains des forces les plus conservatrices. Il faudra alors marcher sur des œufs et faire preuve de la plus extrême prudence.

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1005 ■ 10/02/2011