Comment faire avaler des couleuvres

Un rapport de la Direction des ressources humaines de l'Éducation nationale, publié le 7 janvier, qualifie d’« exercice périlleux » la gestion d’une classe par de jeunes enseignants, sans aucune formation pédagogique préalable. On comprend mieux combien la journée qui leur fut proposée dans le Lot et Garonne fut accueillie, avec soulagement. L’attente portait sur la manière de construire des séquences de cours ou d’évaluer les élèves. La matinée fut consacrée aux devoirs des fonctionnaires. L’après-midi, deux militaires vinrent expliquer les nouvelles stratégies de la défense nationale et les carrières possibles dans l’armée, pour les élèves en difficulté. Sidérés, les participants commencèrent à sortir. Un tel incident est symptomatique de l’état d’esprit de ces hauts fonctionnaires de l'Éducation nationale amenés à détruire ce qu’ils ont mis tant d’années à construire. Contraints à l’obéissance, de par leur fonction, ils leur reste trois solutions : démissionner (courageux, mais téméraire, vu l’état actuel du marché du travail), péter les plombs (compréhensible, au regard des reniements qu’on leur demande), se montrer de parfaits petits soldats dociles et serviles (les proviseurs et recteurs en seront récompensés, par des primes au mérite). Cette situation serait cocasse, si elle n’était autant pathétique. Ne rigolons tout de même pas de trop : les cadres de notre secteur pourraient bien être les suivants, à devoir ainsi faire le poirier !

 

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1004 ■ 03/01/2011