Avec tout ça, on ne sait plus où on en est. Reprenons. Les Roms, ça s’est fait. Notre Président s’en est occupé, après s’être étonné que ces gens sans travail aient de si belles voitures. Voyons voir, ah oui, on a eu ensuite les musulmans qui occupent nos rues avec leurs prières. C’est bien, ça. Ça va nous rapporter au moins 100.000 voix, aux prochaines élections. Les quelques centaines d’étrangers qui fraudent à l’aide médicale d’État ? On a durci les conditions d’accès aux soins. Ils risquent de transmettre des maladies contagieuses non soignées aux français ? Faut les expulser avant. On a essayé de fixer des quotas contre ces noirs qui envahissent le football français. On y était presque arrivé. Médiapart nous a tout saboté. Les fous, on est en train de régler leur sort. On fait voter une loi qui facilite leur enfermement et rend plus difficile leur sortie. Les pédés, on ne les a pas ratés, eux non plus. Leur prétention à vouloir adopter des enfants constitue « une attaque en règle contre la famille ». Et puis, il y a les exclus. Il faut arrêter d’engraisser ces fainéants sans contrepartie. Les chômeurs assistés sont « le cancer de notre société ». Bon, tout ça c’est très bien. Mais, on ne va plus en avoir beaucoup sous la main. On ne va quand même pas s’en prendre aux juifs. « Je suis de la couleur de ceux qu'on persécute ! » affirmait Alphonse de Lamartine. Aujourd’hui, je me sens rom, musulman, malade étranger, noir, pédé, fou et bénéficiaire de minima social.

Jacques Trémintin – LIEN SOCIAL ■ n°1020 ■ 26/05/2011